Le parc locatif se dégrade
La hausse fulgurante du prix des immeubles à logements a non seulement réduit la rentabilité pour les nouveaux acheteurs, mais elle risque aussi de provoquer une dégradation accélérée du parc locatif québécois.
C’est ce que craint la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) qui milite depuis des années pour une dérégulation du prix des loyers, encadrés de très près par la Régie du logement. «On se retrouve avec des gens qui vont mettre tout leur pécule dans l’achat de leur immeuble, qui vont emprunter au maximum pour se payer un immeuble qui semble être celui de leurs rêves, mais le problème c’est qu’il n’y a plus de marge de manœuvre ensuite pour faire les rénovations», lance Hans Brouillette, porte-parole de la CORPIQ.
La situation est d’autant plus grave que l’état général des immeubles à logements québécois est déjà plutôt mauvais, selon le regroupement. M. Brouillette accuse le gouvernement de manquer de courage politique en maintenant la politique actuelle de contrôle des loyers, qui ne fait que «pelleter le problème en avant». Selon le porte-parole, les difficultés de refiler une partie de la facture aux locataires incitent les propriétaires à repousser, voire à abandonner l’idée de faire des travaux majeurs.
Le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher s’établit à 680 $ à Montréal et à 684 $ à Québec, selon les données les plus récentes de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Il s’agit de hausses respectives de 2,8 % et de 3,3 % en un an. Depuis 10 ans, le prix des loyers a progressé de 34 % dans la métropole. C’est une augmentation «beaucoup trop importante», selon François Saillant, porte-parole du FRAPRU, un organisme de défense des locataires. Il s’inquiète notamment de la diminution du nombre de logements pour les ménages à faibles revenus.
Par Maxime Bergeron 26 juin 2010