Le marché des résidences haut de gamme est en pleine explosion à Montréal. Le nombre de propriétés vendues plus de 500 000 $ a doublé depuis un an, et bondi de presque 200 % dans certains secteurs de l’île.
«Les maisons affichées à juste prix partent très rapidement : je viens d’en vendre une de 3 millions en trois jours à Westmount», dit Marie-Yvonne Paint, agente immobilière spécialisée dans le haut de gamme.
Selon les données obtenues par La Presse Affaires, les transactions ont grimpé de 97 % au premier trimestre pour les maisons de plus d’un demi-million. Pendant la même période, l’ensemble des ventes a progressé de 37 % dans l’île de Montréal.
La demande pour les appartements en copropriété de luxe a aussi explosé. Le nombre de reventes a augmenté de 100 % au premier trimestre, contre 50 % pour le secteur du condo en général, révèlent des statistiques fournies par la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM).
Le segment des maisons très haut de gamme — vendues à plus de 1 million — connaît également une «effervescence», souligne Marie-Yvonne Paint.
Dans les quartiers les plus chic de la métropole, 64 maisons de plus de 1 million ont changé de main pendant les trois premiers mois de l’année, contre seulement 27 à la même période de 2009. Le prix moyen de ces transactions se situe à 1,5 million, par rapport à 1,3 million l’an dernier.
La confiance de retour
La raison de cette explosion n’a rien à voir avec la faiblesse historique des taux hypothécaires. La plupart des acheteurs de cette gamme de prix paient comptant, dit Mme Paint. L’explication se résume plutôt en un mot : confiance.
«Beaucoup de gens ont été réticents à acheter à cause de la crise en 2009, par prudence, mais cette année, cette rétention s’est défoulée», avance l’agente rencontrée dans une somptueuse résidence de 8000 pi2 de Westmount, mise en vente pour 7,3 millions.
Michel Beauséjour, chef de la direction de la CIGM, partage ce point de vue. «L’économie québécoise va bien, la création d’emplois va bien, donc la confiance à long terme est bonne. Cela veut dire que les gens qui ont des moyens sont maintenant sur le marché pour faire des transactions.»
Aussi, le recul observé l’an dernier n’est pas le seul responsable de la hausse impressionnante du pourcentage de transactions cette année. En fait, les ventes sont en forte progression par rapport à 2008 — donc avant la crise financière.
Il s’est vendu 304 maisons de plus de 500 000 $ dans l’île de Montréal pendant les trois premiers de 2010 (19 % des transactions), contre 202 il y a deux ans (14 % du total).
Dans le condominium, le nombre de transactions de plus d’un demi-million s’est établi à 114 au premier trimestre (5 % du total), comparativement à 67 en 2008 (3 % du total).
Les propriétés chères se retrouvent surtout dans les quartiers centraux de l’île. La majorité des condos ont été vendus dans le Vieux-Montréal, Westmount, Outremont, Mont-Royal, Hampstead et L’Île-des-Sœurs.
Les maisons de plus de 500 000 $ — un prix de moins en moins rare — sont plus dispersées géographiquement. Sur les 407 vendues au premier trimestre dans le Grand Montréal, 304 se trouvaient dans l’île, 101 sur la Rive-Sud et 70 à Laval et dans la couronne nord.
La hausse la plus marquée du nombre de transactions — 193 % — a été observée dans le secteur de Saint-Laurent-Ahunstic.
Et qui sont les acheteurs de ces maisons cossues? D’après Marie-Yvonne Paint, ils sont à 95 % des «locaux» de Montréal et de sa périphérie, chefs d’entreprise, médecins ou avocats.
Le segment haut de gamme va très bien, mais demeure accessible à une infime minorité, en somme. «Pour acheter un condo à 500 000 $, il faut au moins que tu fasses 150 000 $ ou 200 000 $ de revenus par année, et 200 000 $, c’est 1 % de la population, dit Michel Beauséjour, de la CIGM. On parle d’une niche très, très sélective.»
Le marché du haut de gamme dans l’île de Montréal :
Premier trimestre de 2010
QUANTITÉ VENDUE/VAR. SUR UN AN
Maisons de plus de 500 000 $/304/97 %
Ensemble du marché des maisons/1581/37 %
Condominiums de plus de 500 000 $/118/100 %
Ensemble du marché du condo/2282/50 %
Source : Chambre immobilière du Grand Montréal
Maxime Bergeron Lapresse 14 avril 2010