(Montréal) Redfin, l’agence immobilière en ligne qui a lancé une petite révolution aux États-Unis, espère s’installer au Canada suite à l’assouplissement des règles encadrant la revente de maisons, a appris La Presse Affaires.
Cette PME de Seattle a profité d’un changement des lois américaines pour lancer son service nouveau genre en 2006. Redfin permet aux vendeurs et acheteurs de faire une partie du boulot eux-mêmes, en plus d’accéder à une foule d’informations inédites comme la valeur des propriétés environnantes. Au final, la commission est moitié moins élevée qu’avec un courtier traditionnel.
L’entreprise, présente dans 10 États américains, est encore minuscule par rapport aux géants comme ReMax et Coldwell Banker. Mais ses ambitions — et son financement privé de plus de 30 millions $ US — lui permettent de vite gagner des parts de marché.
Le Canada est la prochaine étape logique
«Pendant longtemps, on a dit que les règles n’étaient pas assez favorables pour lancer le service au Canada, mais maintenant, il y a de bonnes raisons de croire qu’elles le sont», a indiqué Glenn Kelman, PDG de Redfin, pendant un entretien avec La Presse Affaires.M. Kelman fait allusion aux changements adoptés la semaine dernière par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI) à Ottawa. Désormais, les particuliers pourront embaucher un agent pour inscrire leur propriété sur le site web du Service interagences (MLS), et s’occuper eux-mêmes des autres aspects de la transaction, comme les visites libres. Cela était interdit jusqu’à maintenant.
Le système canadien pourrait changer encore plus. Le Bureau de la concurrence poursuit l’ACI dans le but de la forcer à assouplir davantage ses règles. Selon le Bureau, les agents immobiliers — responsables de 90 % des transactions au pays — ont des pratiques «anticoncurrentielles» qui découragent l’émergence de tout nouveau modèle d’affaires.
Des données abondantes
Redfin affirme avoir fait une étude de marché sérieuse qui laisse entrevoir de belles «occasions d’affaires» au Canada. «Il faut maintenant faire une étude de faisabilité pour savoir où on ira chercher les données et sous quel format les présenter», a dit Glenn Kelman.
Les «données», justement, sont la marque de commerce de Redfin aux États-Unis. La PME affiche sur son site web les mêmes propriétés que tous les autres courtiers, mais avec de nombreuses informations additionnelles.
Prenons l’exemple d’une maison de l’avenue Campion, à Los Angeles, affichée à 649 000 $. En consultant le site de Redfin, on peut connaître le prix de vente antérieur — 380 000 $ en 2002 — et la date de chaque baisse de prix. Dans ce cas-ci, on apprend que le prix original de 699 000 $ a été réduit trois fois depuis le 16 février.
Redfin montre aussi le prix de vente au pied carré des maisons environnantes, le ratio entre le prix affiché et le prix obtenu à la revente, etc. «On va se battre à mort pour la question du partage de données, a lancé Glenn Kelman. On croit qu’une personne qui achète une maison a le droit de tout voir au sujet de la propriété.»
Quelque 90 % des clients Redfin ont moins de 40 ans et une bonne portion d’entre eux utilisent leur iPhone pour accéder au site.
Pour des raisons géographiques, l’entreprise compte d’abord tenter sa chance dans le marché de Vancouver. Montréal, Toronto et Ottawa sont aussi dans ses plans.
Redfin refuse de dévoiler à quel moment elle pourrait entrer au Canada. «On aimerait être le premier acteur majeur à entrer au Canada et on ne veut pas dire à l’avance à nos concurrents quand ce sera…», a dit le PDG.
L’Association canadienne de l’immeuble a refusé de commenter la venue possible de Redfin au pays à cause de la poursuite déposée par le Bureau de la concurrence.
Par Maxime Bergeron, La presse, 31 mars 2010